Le réseau pour trouver un poste : le networking peut-il vraiment vous donner un job ?

Décrocher un job avec le réseau : on vous en parle sur tous les tons !

Mais comment ça marche en vrai ?

En tous cas, pas tout-à-fait comme dans les contes de fée…

Il était une fois Olivia qui, forte de son expertise digitale sur le recrutement d’abonnés pour un grand journal, cherchait à quitter les médias pour un poste dans une grande société innovante.

Olivia avait beau peaufiner ses profils réseaux sociaux, fréquenter des événements autour du marketing et de l’innovation, répondre à des annonces, solliciter des chasseurs de tête bien introduits, envoyer des mails de candidature, sa recherche n’aboutissait jamais.

Un beau jour, Olivia assista à un atelier animé par un grand prince de la Démarche Réseau.

Révélation pour Olivia. Mise à plat de sa stratégie, de son carnet d’adresses et de son agenda.

Au bout de 7 entretiens, son beau-frère — qui jouait au golf et disposait d’un puissant entregent — la mit en cheville avec le PDG d’une entreprise d’éducation innovante.

Olivia se sentait un peu intimidée juste avant le rendez-vous (le PDG de Mégaplus, tout de même !).

Mais ce fut le coup de foudre dès les premiers échanges, ils passèrent 2 heures en entretien au lieu des 45 minutes prévues.

Il l’embaucha dans les 3 jours qui suivirent et ils pondirent ensemble de magnifiques projets de marketing web pendant de longues et heureuses années.

✨ 🎉 — THE END — 🎊🥂

…Je grossis un peu le trait, d’accord.

Mais examinez tout de même ce que vous vous dites au fond de vous-même sur la démarche réseau et sur la manière dont elle peut vous aider à trouver votre prochain poste.

Si vous imaginez par exemple que le réseau reste au fond une histoire de gros carnets d’adresses et qu’il s’agit de rencontrer au plus vite des gens influents avec une méga recommandation pour qu’ils parachutent votre candidature en deux secondes dans un super job...

Vous risquez de mettre une grosse pression sur :

  • les personnes que vous connaissez — sommées de vous mettre en cheville avec ds PDG

  • les interlocuteurs que vous rencontrez — dont vous espérez qu’ils vont vous amener un job sur un plateau là tout de suite

  • vous-même — et dans ce cas, soit vous vous bloquez, soit vous vous forcez à rencontrer rapidement des recruteurs et des dirigeant face auxquels vous n’avez peut-être pas encore l’aisance, les questions et les arguments qui vous permettront de faire une bonne impression !

Le “piston”, ça existe dans la vraie vie, on ne va pas se mentir.

Mais c’est une méthode :

  • limitée (avez-vous des PDG ou amis de PDG dans votre liste de contacts : oui / non ? fin de l’histoire, c’est dommage),

  • pas accessible à tous et à tous les projets (si votre famille, vos collègues et vos copains n’ont pas de liens dans le nouveau secteur que vous visez tant pis pour vous),

  • pas à la portée de tous les tempéraments.

Elle n’est même pas forcément satisfaisante : si vous étiez vraiment propulsé en 2 coups de cuillère à pot (enfin en 2 coups de fil et 3 rendez-vous) dans un poste en vue, pas sûr que le job vous convienne vraiment ou que la prise de poste soit réussie.

A cause de ce dernier point, je pense que cette histoire de piston est même un raccourci assez dangereux


Voilà ce qui va se passer en vrai

Votre objectif est simplement de

  • nouer des relations de qualité

  • avec des professionnels des entreprises que vous ciblez mais aussi de leur écosystème (partenaires, sous-traitants, salariés ayant quitté l’entreprise…)

  • qu’ils soient ou non “décideurs” en matière de recrutement pour les postes que vous ciblez

  • et de leur laisser une trace positive – pas plus, pas moins !

Concrètement…

Vous commencerez plutôt par des non-décideurs en recrutement (donc pas vos futurs n+1 ou DRH mais d’autres personnes de l’entreprise ou de son écosystème).

(Et même par des entretiens plus simples encore si vous n‘avez jamais mené d’entretiens réseau ou que vous ne vous sentez pas à l’aise avec l’exercice)

(Plus d’astuces à ce sujet dans l’article Networking : 2 secrets pour réseauter plus sereinement (et se faire recruter)

— Ces premières rencontres vous permettent d’améliorer votre expertise sur votre métier / secteur — et aussi sur l’entretien réseau : les usages, les bonnes questions à poser, les entretiens à distance et en face-à-face, la bonne manière de vous présenter…

Elles vous apportent aussi d’autres contacts et de précieuses recommandations.

— Pour que vous puissiez finalement rencontrer des n+1 potentiels (pas forcément des CEO !).

Lors des ces entretiens stratégiques pour vous, vous disposez des infos, de l’assurance et des astuces pour leur faire bonne impression, laisser cette trace positive — et trouver naturellement votre place dans la liste des candidats possibles lorsqu’ils auront besoin d’embaucher.

Au passage, vous gardez le contact avec les personnes que vous avez rencontrées et avec qui vous avez eu un bon échange... et en rencontrez de nouvelles pour élargir votre réseau et votre expertise et amplifier votre action.

Lorsque votre recherche présente une difficulté (vous cherchez à changer de secteur et/ou de fonction, vous êtes hors-poste, votre candidature présente un petit “hic”), lorsque vous partez de “zéro” (pas de démarche réseau jusqu’ici, changement complet de trajectoire), il vous faut parfois une bonne centaine d’entretiens (pas 7 ou 10 comme notre Olivia de conte de fées !) pour décrocher une, deux ou trois opportunités sérieuses.

Et voici comment elles arrivent.


Les (véritables) happy ends de la démarche réseau

— Cas n°1 — les “non-décideurs” que vous avez rencontrés au fil de vos entretiens pensent à vous s’ils entendent parler d’une opportunité. Ils vous en font part et peuvent faciliter votre embauche (vous indiquer la bonne personne à contacter, le bon process, parler de vous au bon interlocuteur, répondre à vos questions...)

— Cas 2 — vous entendez entendez parler d’une opportunité dans l’une des entreprises qui vous intéressent et vous faites appel à un ou plusieurs contacts déjà approchés dans votre démarche réseau pour arriver parfaitement informé et préparé à l’entretien.

— Cas n°3 — les “décideurs” que vous avez rencontrés ont besoin de recruter : comme vous leur avez laissé un bon souvenir et faites maintenant partie de leur réseau, ils vous incluent dans la liste des candidats à rencontrer pour pourvoir le job.

— Cas n°4 — au cours d’un de vos entretiens, vous tombez sur un super connecteur très généreux (…ou qui pense à long terme !) qui connait parfaitement votre marché cible : il ou elle vous offre une mine d’infos et/ou de contacts, vous indiquant précisément à quel endroit vous positionner et comment.

— Cas n°5 — vous êtes recruté par un autre biais, via une annonce, un post LinkedIn, une lettre de motivation… mais votre démarche réseau a fait de vous le candidat idéal du process de recrutement : infos secteur, métier, aisance en entretien, maturité… Vous avez toutes les cartes en main pour lever les incertitudes sur votre profil peut-être “outsider”.

— Cas n°6 — à supposer que le réseau ne vous soit d’aucune utilité pour décrocher votre poste (ne vous apportant ni aisance, ni infos stratégiques, ni contact qui change tout, ni opportunité directe…) : vous avez noué des relations qui vous aident à mieux faire votre boulot, à réussir votre prise de poste et élargir votre horizon pour la suite ! …À condition que vous entreteniez ces relations dans le temps (pas seulement quand vous cherchez un poste 😉).

Ces cas sont bien sûr cumulables entre eux : des entretiens de fond qui vous ont fait grimper deux marches dans votre expertise de votre futur secteur + un super connecteur + trois coups de fil pour se rencarder un peu mieux sur l’entreprise où vous passez des entretiens = une recherche rondement menée !

Lorsqu’on démarre, cela parait une démarche de longue haleine, c’est vrai.

Mais elle est aussi puissante et plaisante pour peu qu’on s’intéresse à son sujet (l’intelligence artificielle, le marketing digital, l’éducation innovante, l’export en Asie…) et à ses interlocuteurs !

En réalité, c’est la seule qui vous garantisse non seulement de trouver un poste — mais de trouver un poste qui vous convienne vraiment :

  • vous avez validé au fil de vos rencontres que la “vraie vie” du métier, du secteur, de l’entreprise correspondait à vos attentes et à vos ressources.

  • vous avez le bon réseau ensuite pour déployer les bonnes stratégies et réussir pleinement une fois en poste.

Et finalement, je dois l’avouer, si vous vous prenez au jeu de la démarche réseau dans le temps, vous pourriez bien devenir ce genre de personne qui mis sur le carreau à 53 ans n’a qu’à “décrocher son téléphone pour retrouver un job”.

D’autres astuces réseau ?

Et vous ? Avec le réseau, ça se passe comment ?

Avez-vous du mal à vous y mettre ? À parler de vous en entretien réseau ? À transformer vos entretiens (contacts, recommandations, recrutement) ?

C’est pour débloquer ces situations que j’ai créé le kit de l’apprenti réseauteur avec trois outils essentiels pour réussir vos démarches réseau. Découvrez-le ici.

Ou bien rejoignez-moi lors des évènements Réseau que j’anime pour HEC Alumni [ouverts à tous].

Photo miniature : Toa Heftiba via Unsplash

Marine Griot